Hôtel dit de la Petite Bourdaisière

Localisation :

Tours, 2 rue du Petit Pré

Dates :

Fin XVe ou début XVIe siècles

État du batiment :

Conservé

Hôtel dit de la Petite Bourdaisière.
Crédits : photo © Ophélie Delarue

Cette propriété a appartenu à la famille de la Bourdaisière, qui lui a donné son nom de la « Petite Bourdaisière » (à ne pas confondre avec l’hôtel Babou de la Bourdaisière, dit hôtel Jean Galland et l’hôtel du Gouvernement dit l’hôtel de la Bourdaisière).

À la fin du XVe ou début du XVIe siècles, Nicolas Gaudin, seigneur de la Bourdaisière, fit construire un hôtel à l’extérieur de l’enceinte de Tours, actuellement au 2 rue du Petit Pré. En 1613, Isabelle Babou de la Bourdaisière, l’arrière petite-nièce de Nicolas Gaudin, vendit la Petite-Bourdaisière à une association de maîtres tapissiers de Tours et de Paris. Les relations des maîtres tapissiers avec la famille Babou de la Bourdaisière remontaient sans doute à Philibert Babou de la Bourdaisière. Effectivement, François Ier avait établi à Fontainebleau un atelier royal de tapisseries sous sa direction. Alexandre Motheron, maître tapissier, fut autorisé à acheter la Petite Bourdaisière pour en faire une succursale de la fabrique de tapisseries dite des Gobelins à Tours. Mais l’accumulation de dettes entraîna la vente de la Petite Bourdaisière en 1625 [Buisard, 1895, p. 397-402]. Elle fut achetée par les Ursulines qui y établirent leur couvent jusqu’en 1792. Grâce à l’association Marie Guyart qui racheta le bâtiment en 1983, la Petite Bourdaisière abrite actuellement le Centre Marie de l’Incarnation qui est animé par les Ursulines. 

Dans l’acte de vente de 1625, la Petite Bourdaisière possédaient plusieurs corps de logis, des jardins et des vergers, le tout entouré de murs de clôture [Buisard, 1895, p. 399]. Aujourd’hui, l’édifice se compose d’un corps de logis construit à gouttereau sur rue mais seule la façade sur cour est restée dans un état proche de celui d’origine. 

Façade sur cour : Hôtel dit de la Petite Bourdaisière.
Crédits : photo © Ophélie Delarue

L’horizontalité de la façade sur cour de l’hôtel est soulignée par un cordon mouluré marquant les changements de niveaux entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Une tour d’escalier polygonale située aux deux tiers de la façade dessert l’édifice. Tandis qu’une demie Travée s’ouvre à droite de la tourelle par une étroite porte, une Demi-Croisée et une Lucarne, les deux travées de gauche s’organisent autour de larges croisées et d’une petite baie. Les croisées et la demi-croisée suivent le courant esthétique des fenêtres de la fin du XVe siècle marqué par un appui saillant, des piédroits reposant sur des bases prismatiques, des moulures prismatiques et un larmier formant retour reposant sur des culots [Séraphin, 2002, p. 186].

 

Motif losangé des briques noires : Hôtel dit de la Petite Bourdaisière.
Crédits : photo © Ophélie Delarue

 

Le décor de la façade tient aussi aux matériaux mis en œuvre ; sur un fond rouge se détachent d’une part une résille de brique noir et d’autre part les encadrements des baies et les chainage d’angle en pierre. L’usage de la brique inscrit le décor de l’hôtel dans la continuité des constructions royales de Louis XI telles que le château du Plessis-lès-Tours vers 1478-1480 ou de Louis XII. Le motif losangé des briques noires se retrouve sur l’aile Louis XII du château de Blois commencée en 1498 et terminée vers 1503. Ce motif anime également les façades du château de Jallanges qui appartenait à Nicolas Gaudin en 1503 puis à Philibert Babou en 1520. Ainsi, pourrait-on situer la date de construction de la Petite Bourdaisière peu avant ou autour des années 1500 [Mélinda Bizri, Sylvie Marchant et Christophe Perrault, 2019, p. 45-48 ; Lefèvre-Pontalis, 1922, p. 478 ; Carré de Busserolle, 1878, T. 3, p. 392 ; Hamon-Brun, 1996, vol. 1, p. 24-25]

Château de Jallanges. Photo extraite Bouron Morgane, Le château de Jallanges, mémoire de master 1 d’Histoire de l’Art, sous la direction d’Yves Pawels, Université de Tours, [2008].

Bibliographie

Base POP, IA00071515 et PA00098266.
Bizri Mélinda, Marchant Sylvie et Perrault Christophe, « Gien, un château royal entre rupture et continuité avec l’œuvre de Louis XI », dans Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, BUCEMA.
Buisard A., « Une succursale des Gobelins à Tours (1613-1625) », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. X, 1895, p. 397-402.
Carré de Busserolle Jean-Xavier, Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre-et-Loire et de l’ancienne province de Touraine, T. 3, Tours, Rouillé-Ladevèze, 1878.
Hamon-Brun Maud, L’activité artistique à Tours, 1495-1515, Mémoire de maîtrise : Histoire de l’Art sous la direction de Jean Guillaume, CESR-Université de Tours, [1996].
Lefèvre-Pontalis Eugène, « Le château de Blois. Notice historique et archéologique » dans Bulletin Monumental, tome 81, année 1922. p. 478-480.
Séraphin Gilles, « Les fenêtres médiévales : état des lieux en Aquitaine et en Languedoc », dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France (M.S.A.M.F.), hors série, 2002 (La maison au Moyen Âge dans le Midi de la France), p. 145-201.


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